De plus en plus d'enfants souffrent de ce que l'on appelle l'anxiété de performance. Le terme est dorénavant devenu courant, mais qu'englobe-t-il exactement? Qu'est-ce que l'anxiété de performance? Comment se développe-t-elle et quelles en sont les conséquences sur la santé physique et mentale de nos enfants?
Petite définition
L’anxiété de performance, c’est lorsque le jeune a peur d’être jugé et d’échouer. Cette crainte est telle que l’enfant manifeste plusieurs symptômes intenses de « trac » avant, pendant et après une situation donnée. Cela peut être un examen, une présentation orale, une compétition sportive ou musicale, etc. En fait, tout ce qui amène le jeune à devoir montrer ce qu’il est capable de faire devant des tiers cause en lui un profond malaise. Des sentiments négatifs l’envahissent, parfois au point de réellement l’handicaper.
Les causes possibles
Les spécialistes s’accordent pour dire que l’anxiété de performance tient son origine dans les premières années de la vie, soit avant 5-6 ans. Plusieurs causes possibles sont évoquées, mais il ne s’agit pas d’une science exacte… Ainsi, c’est une combinaison de plusieurs facteurs qui sont susceptibles de créer l’anxiété de performance chez les jeunes. Parmi ceux-ci, notons que l’enfant aura plus de chance de développer ce problème si :
- Ses parents sont très exigeants depuis la petite enfance.
- Il reçoit depuis toujours beaucoup d’éloges et de compliments : il aura alors peur de décevoir.
- Les proches (père, mère, fratrie) sont particulièrement perfectionnistes et ne tolèrent pas les erreurs (pour eux-mêmes et les autres).
- L’enfant a peur qu’on ne l’aime plus s’il n’est pas parfait.
- L’enfant ne supporte pas l’échec. Il souhaite réussir tout ce qu’il entreprend.
Les signes que mon enfant souffre d’anxiété de performance
S’il est normal (et fréquent) qu’une jeune expérimente parfois un certain stress devant des situations particulières, l’anxiété de performance se manifeste par des signes et des symptômes relativement intenses. En voici un aperçu :
- Panique et/ou crises d’angoisse avant, pendant et juste après une situation donnée (examen, etc.)
- Perfectionnisme excessif : le jeune ne supporte pas de faire la moindre erreur, il étudie constamment.
- Symptômes physiques réels : maux de tête, maux de ventre, insomnie, nausées et vomissements, transpiration excessive, diarrhées, hausse de la pression sanguine.
- Pensées négatives : je vais tout rater, je vais échouer, j’ai oublié tout ce que j’ai appris.
- Peur panique d’échouer.
- Etc.
Le jeune qui souffre d’anxiété de performance ne s’accorde aucun droit à l’erreur. En cas d’échec, on entendra souvent dans sa bouche des mots comme « je suis trop bête, je suis nul. » L’enfant pense que toute sa valeur provient de sa réussite scolaire, sportive ou autre.
Les conséquences possibles
Le jeune hyper perfectionniste qui fait de l’anxiété de performance ne se facilite pas la vie… À force de s’inquiéter et de minimiser ses compétences et sa valeur réelle, il pourrait développer d’autres problèmes sérieux qui auront un impact négatif sur sa vie entière et son interaction en société :
- Faible estime de soi.
- Profond sentiment d’incompétence.
- Découragement.
- Mal-être et dépression.
- Échecs réels : le stress occasionné par la peur d’échouer conduit souvent effectivement le jeune à ne pas réussir ce qu’il entreprend (trous de mémoire, oublis, etc.)
- Isolement.
Apprendre à dédramatiser
En tant que parents, nous sommes souvent les témoins de ces comportements et ne savons pas comment faire pour les éliminer. Nous nous rendons parfois compte que l’anxiété chez nos jeunes provient de notre propre méthode d’éducation, ou alors nous nous sentons comme des observateurs et avons l’impression que nos conseils ne sont pas compris.
Il faut bien comprendre que ce n’est pas simplement avec une phrase du genre « arrête de stresser » que la situation va s’améliorer. Le jeune dira peut être « OK », pour vous satisfaire, mais le mal est plus profond que ça… Vous aurez besoin, tous les deux, de patience et de travail afin de réellement parvenir à faire la part des choses. Voici quelques moyens d’y parvenir :
- Faites comprendre à vos enfants que le processus d’apprentissage est tout autant important (sinon plus) que le résultat.
- Aidez vos enfants à se bâtir une solide estime de soi en leur montrant quels sont leurs points forts ET leurs points faibles : personne n’est parfait, et c’est en acceptant qui on est vraiment qu’on peut avancer.
- Encouragez vos jeunes dans tout ce qu’ils font. Faites-leur bien comprendre que vous les aimez, quels que soient leurs résultats scolaires. Il n’y a pas de condition à votre amour!
- Incitez-les à se découvrir des passions et des intérêts. Montrez-leur que les résultats sont toujours meilleurs lorsqu’on fait les choses par plaisir.
- Impliquez-vous dans les études et les activités de vos enfants et aidez-les à résoudre leurs petits problèmes au jour le jour.
- Regardez-vous dans un miroir! Si vous-même êtes trop exigeant et perfectionniste envers vous-même, il y a de fortes chances que votre enfant répète simplement le comportement qu’il voit à la maison. Vous pourriez tâcher, ensemble, de réapprendre à faire les choses par plaisir plutôt que par peur.
Et pour finir, si le comportement de votre enfant vous semble particulièrement problématique, n’hésitez pas à consulter le personnel de son école (professeur, psycho-éducateur), un autre professionnel à votre CLSC ou encore un psychologue. Ce n’est pas l’aider que le regarder s’enliser en pensant que tout se règlera avec le temps…
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie
Pour ceux qui voudraient en connaître un peu plus sur le sujet, l’Académie fait le prêt de livres aux parents.
Venez consulter « Attention, enfant sous tension! Le stress chez l’enfant » de Germain Duclos, tiré de la collection du CHU Sainte-Justine pour les parents.
Résumé
Le stress fait partie intégrante de notre société. Bien qu’il s’agisse d’une réaction normale et nécessaire de l’organisme, il peut devenir un mal intense et envahissant capable de freiner l’action ou de paralyser la personne qui le subit, et ce, dès son plus jeune âge. Il s’avère donc essentiel que parents et enfants apprennent à le gérer le plus tôt possible afin de profiter pleinement de chaque moment de la vie.
C’est ce que propose justement ce livre. Germain Duclos définit tout d’abord le stress et en présente les différentes composantes. Il décrit ensuite les nombreuses situations qui génèrent du stress: performance sportive ou artistique, difficulté d’adaptation, doute quant au sentiment de sécurité, résultats scolaires, tension familiale, conciliation travail-famille, etc. Enfin, tout en identifiant les impacts sur le développement de l’enfant de même que les manifestations physiologiques et comportementales qui y sont liées, il fournit d’efficaces stratégies pour aider le jeune et sa famille à mieux composer avec le stress afin de s’assurer qu’il ne rime jamais avec détresse!